Et si râler nous aidait à trouver les bonnes idées ?

 

 

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Le lieu de travail, l’endroit propice de nos chers râleurs pour pratiquer leur activité favorite ! Nous connaissons tous un ou une collègue qui conteste beaucoup, peut-être même que certains se reconnaîtront. Et si râler était aussi une façon de remettre en question, de pousser la réflexion dans ses retranchements ? Coup d'œil sur ce trait de caractère perçu très souvent de manière négative. 

 

 

Râler nous rapproche !

 

Commençons par le début, les français ont une réputation de personnes qui râlent beaucoup, un peu comme si cela faisait partie de notre patrimoine culturel. “L’essentiel, c’est de râler. Ça fait bon genre” disait Michel Audiard. Nous avons la réputation d’exprimer souvent notre mécontentement, nous pouvons citer l'exemple de notre tradition pour les manifestations.

 

Maintenant penchons-nous sur un point de vue davantage sociologique. Nous avons souvent tendance à nous plaindre de la façon dont travaillent nos collègues puisque chacun a sa propre méthode, exigence, ambition, engagement. Pour une même tâche existe un nombre incalculable d’organisations différentes possibles. Mais lorsque que plusieurs individus se plaignent d’une tierce personne, le bouc émissaire apparaît. Ainsi, râler ensemble sur le comportement ou les méthodes de travail d’un ou d’une collègue renforce le sentiment d’appartenance à un groupe. Nous pouvons citer le philosophe René Girard dans son “Analyse du bouc émissaire” qui nous explique la causalité entre le bouc émissaire et l’unité d’un groupe social.

 

La machine à café est l’exemple parfait de cette cohésion de groupe. La pause est le moment idéal pour se retrouver entre collègues et discuter... du travail. Le moment où nous pouvons relâcher la pression, nous confier, et surtout râler ! C’est un moyen d’exutoire qui nous évite de craquer devant nos bureaux. Nous nous sentons soutenus et compris. Dans un autre sens, cela peut être également vecteur de débats. 

 

 

Solution makers ?

 

Qui dit débats, dit échanges, arguments, contre-arguments et donc remises en question. Et si être éternellement insatisfait nous poussait à la réflexion ? Râler c’est aussi remettre en question, certes souvent les actions des autres, toutefois cela peut amener à trouver des solutions. Évidemment si nous nous plaignons de la pluie, nous allons être limités quant aux solutions à adopter, nous parlons ici des contestations sur l’environnement du travail. 

 

Râler est tout un art. Être un bon râleur c’est contester avec justesse et apporter une ou des solutions concrètes. Contester en entreprise peut engendrer un aspect positif à son développement. Avoir des salariés prêts à tout remettre en question dans les processus existants peut être très déstabilisant mais il serait également une erreur de ne pas écouter leurs propositions. Ces salariés peuvent être de réels moteurs d’idées ! Ils sauront percevoir rapidement les points bloquants de l’entreprise à condition tout de même que ceux-ci soient justifiés. Nous pouvons les voir également comme des personnalités suffisamment affirmées pour donner leurs opinions. A l’inverse, si vous travaillez au sein d’une équipe où tout le monde suit le processus sans se poser de questions alors il peut en ressortir un réel manque à gagner en termes de performance et de créativité.

 

 

Vers la remise en question

 

Finalement, établir un avis sur notre environnement de travail nous pousse à la remise en question. Remettre en question, c’est avoir déjà réalisé en amont un processus de réflexion dont font partie l’écoute, l’observation et l’analyse. Le râleur pointe ainsi là où ça fait mal. Il n’est pas toujours évident de nous remettre en question ni de remettre en question certaines habitudes de travail. C’est à ce moment que le débat est le plus pertinent à condition que la mauvaise foi ne s’immisce pas. Inutile de se braquer ou de le prendre personnellement, il est davantage intéressant de le voir comme une opportunité. Si nous ne nous remettons pas en question, nous irons certes plus vite mais également moins loin.

 

Néanmoins, la contestation n’est pas toujours justifiée. Dans cette circonstance nous pouvons tout de même en tirer un bénéfice. Le râleur nous pousse dans nos retranchements et nous pousse à la réflexion, à argumenter. Nous pouvons soit décanter des compromis ou alors bien justifier nos actions. N’oublions pas que si nous avons tendance à remettre en question certains processus c’est peut être dû à un manque de communication ou de compréhension. La communication est la clé en entreprise, alors n’hésitons pas à débattre, argumenter, défendre nos idées et écouter celles des autres. 

 

La remise en question est une démarche agile qui demande de l’adaptation et d’être en phase avec la réalité environnante. Écouter et puiser les idées des autres équivaut dans un sens à savoir ajuster sa vision face à ce qui nous entoure dans un monde en constante évolution. Nous avons tous une façon différente de penser et de trouver des solutions face aux freins d’une entreprise, autant mettre tout le monde à contribution ! La résilience est un élément important au travail. Il est nécessaire de savoir rebondir et d’accepter les remarques, ainsi nous restons ouverts d’esprit.

 

 

Bien manager un râleur

 

Il n’est pas évident de manager un salarié qui ne fait que de nous remettre en question. L’empathie va dans les deux sens, la position de manager se veut d’être à l’écoute, à l’instar, la position d’employé se veut d’être dans la compréhension que tout ne peut pas changer du jour au lendemain. 

 

Dans un premier temps, il est nécessaire de comprendre sa démarche. L’éternel insatisfait peut avoir le sentiment que son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur si son avis n’est pas assez pris en considération. Dans l’idéal, il faudrait transformer ses contestations en une dynamique positive et constructive pour l’organisation. Il est alors essentiel d’être à l’écoute. Lorsqu'elles sont justifiées, ces complaintes peuvent faire émerger certains points bloquants. Si une remarque parvient au manager, le mieux est de traîter le sujet le plus rapidement possible. Plus le problème dure, plus il persistera et se dégradera. Attention à ne pas laisser s’instaurer un sentiment d’injustice qui pourrait s’intensifier et devenir contre productif.

 

Dans un second temps, il est nécessaire d’admettre que certains points peuvent être effectivement améliorés. Ne pas hésiter à lui poser des question, le pousser dans ses retranchements, stimuler ses idées afin de trouver les réels points faibles. Plus il ira loin dans son développement d'idées, plus nous comprenons la finalité ou à l’inverse nous pouvons argumenter sur ce qui ne nous semble pas cohérent. Ainsi, nous pouvons en tirer des solutions avec un plan d’action concrètes conçu ensemble. Le râleur se sentira écouté et sera prêt à échanger de manière plus conciliante sur les autres problèmes éventuels. Ne pas oublier de les encourager tout en les incitant à rester le plus constructif possible. Penser collectif, avoir une équipe c’est avancer ensemble !

 

 

Quand râler devient un ressentiment

 

Si râler peut nous conduire à une certaine réflexion, râler peut également avoir ses limites. Râler pour râler amène à un cercle vicieux et peut vite se transformer en ressentiment. Or, l’amertume ne fait pas avancer les choses et peut prendre la forme d’un emprisonnement dans lequel l’individu s’enlise. Cela peut impacter l’environnement de travail, le lien social et instaurer une ambiance négative au service. En prenant une posture victimaire, le râleur n’est plus considéré comme un solution maker et aurait tendance à produire le contraire et stagner sur ses positions sans trouver de solution. 

 

En nous concentrant sur notre frustration constante sous toutes ses formes, cela peut se transformer en pathologie. C’est en quelque sorte le syndrôme de l’enfant roi qui devient adulte roi. Tout devient alors prétexte à être critiqué, son environnement, la météo, ses collègues, son manager etc. “Le principe de réalité n’est jamais accepté. Au lieu de chercher une solution, les râleurs exigent tout de la part des autres” explique Didier Pleux.

 

 

Et si nous nous exprimions avec les bonnes formes ?

 

Avec du recul, nous sommes tous un peu râleurs au fond de nous. Mais c’est peut être notre façon de nous exprimer qui change d’un individu à l’autre. L’art de bien s’exprimer peut avoir une réelle importance selon notre poste. Prenons-le comme un challenge et argumentons nos idées de manière construite et positive.

 

Chers râleurs, prenez le temps de peser vos mots, de préparer votre argumentaire de  négociation, vous serez d’autant plus écoutés !